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Isabelle Blais en entrevue

Isabelle Blais en entrevue

Crédit photo Lou Scamble

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La nouvelle production originale de Séries Plus nous plonge en plein cœur d’une tragédie, alors qu’un adolescent pose un geste inattendu et terrible… On a fait un brin de jasette avec la comédienne Isabelle Blais afin d’en apprendre davantage sur son expérience au sein de la distribution de Bête noire!

Isabelle, présentez-nous votre personnage de Bête noire.
Mélanie Rivard est la mère de deux ados et elle est directrice d’un CPE. Je pense que les auteurs ont voulu la dépeindre d’une façon tout ce qu’il y a de plus normal. Mélanie, c’est comme une femme sans histoire, aimante et dévouée, qui a l’air de bien s’occuper de sa famille. Cependant, elle va se retrouver confrontée à une tragédie qu’elle n’a pas vu venir, une tragédie – une fusillade dans une école – orchestrée par son fils, qu’elle pensait connaître… Beaucoup de parents peuvent s’identifier à ça : à un certain moment, tu t’éloignes de tes ados et c’est juste normal. Mais là, elle est confrontée à cette réalité qui lui tombe en pleine gueule!

Est-ce que ce type de personnage et ce projet représentaient un défi pour vous?
Oui, c’était assez exigeant. J’ai eu le film Bordeline qui était aussi pas pire de ce côté, mais en télévision, je dirais que c’était un de mes rôles les plus exigeants émotivement. Quand je me suis plongée dedans, j’ai vu dans mon corps ce que ça faisait… Mettons qu’on dit que le neutre est à zéro, là ça commençait et j’étais déjà à +100! Dans chacune des situations, il n’y a pas de neutre. La base du personnage était déjà dans une émotion inimaginable, invivable – une émotion dure à décrire et vivre. C’était fou et intense. Cette tragédie-là, tu dois la porter en toi; elle ne paraît pas nécessairement, ce n’est pas écrit dans ta face. Le défi était donc de garder cette tragédie au fond de soi tout le temps et de trouver une façon de l’exprimer avec des nuances, en dosant bien le tout.

Comment se prépare-t-on à interpréter un tel rôle?
C’est dur à dire, car c’est le genre de chose qui peut arriver à n’importe qui, mais chacun vivra ça d’une manière différente… Certains vont se replier sur eux-mêmes, d’autres vont faire une dépression, d’autres seront plutôt extravertis dans ce moment de crise. Par contre, il y a une chose que j’ai faite, bon je ne sais pas pourquoi (rires), mais j’ai regardé les confessions de l’émission I Am a Killer. Ça n’a pas de lien direct, mais ce sont des personnes qui sont condamnées à mort qui témoignent de leurs crimes. Ce n’est pas tant à la confession des tueurs que je voulais porter attention, mais aux témoignages de leurs proches. Pour voir comment les parents et les amis exprimaient leur désarroi par rapport à ce qu’ils ont fait. Je regardais surtout les mères. Certaines pleuraient, d’autres semblaient détachées et froides… Je cherchais des réponses, mais je pense que la réponse se trouve en dedans de nous, à savoir comment on réagirait. Puis, j’ai tenté d’utiliser tout ça pour mon interprétation.

Est-ce important, selon vous, d’aborder un tel sujet en télévision dans la société actuelle?
Oui, vraiment. C’est arrivé, ça arrive et j’ai l’impression que… Je ne dis pas que ça arrivera davantage, j’espère que non, mais il y a un accès aux armes et une espèce de culte autour de tout ça… On est dans une drôle d’époque où on prône l’aspect de la communauté et d’apprendre à vivre ensemble, mais en contrepartie, il a une montée d’extrémistes et de violence. Je ne sais pas si c’est à cause d’Internet ou parce que c’est plus médiatisé, maintenant… Mais oui, il faut en parler! Surtout qu’avec la pandémie, il y a une anxiété généralisée et les jeunes sont isolés de plus en plus. Ce n’est rien pour aider! Une série comme Bête noire va mener à la discussion et à la réflexion. La tragédie arrive rapidement dans l’intrigue, mais ce qui est intéressant, c’est qu’on met de l’avant la quête de «comment ça se fait qu’on n’a pas vu ça» et comment on se reconstruit après.

Y a-t-il eu un moment touchant ou marquant lors du tournage?
Il y a eu beaucoup de moments assez intenses. Le dernier jour de tournage, peut-être parce qu’il y a eu une espèce de relâchement de la pression et un sentiment de fierté d’avoir passé à travers et mené le projet à terme, sans aucun cas positif de COVID-19, il y a eu une scène magnifique et touchante… On est allés près de Rivière-du-Loup afin de tourner une scène. Il y avait le coucher de soleil sur le fleuve, il faisait très froid et c’était super venteux. Toute l’équipe était là. C’était beau et touchant. On était gelés, mais d’entendre tout le monde sauter de joie après, ça fait un beau souvenir.

Petite question bonus, en terminant : durant la pandémie et le confinement, avez-vous développé un nouveau talent ou une nouvelle passion?
J’ai travaillé beaucoup, quand même, mais en décembre dernier, j’attendais juste que la neige tombe. Je faisais des incantations! (rires) J’adore le ski de fond, alors j’y vais deux ou trois fois par semaine. C’est vraiment mon exutoire.